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Le blog du lignard
22 juillet 2015

L'U-455, le sous marin perdu de la Kriegsmarine.

  En 2008, lors d'une excursion sous-marine au large des côtes de Gênes et de La Spezia, un plongeur italien Lorenzo Del Veneziano, trouve une épave d'un U-Boot allemand reposant à 120 mètres de profondeur. Ce qui fait la particularité de cette découverte, s'est le positionnement du navire, il ne gît pas simplement sur le fond, mais planté dans la vase à un angle de 45°, la proue en direction de la surface. Le plongeur fait part de sa trouvaille à un ami, Roberto Rinaldi, ancien membre des équipes Cousteau, devenu depuis réalisateur et spécialiste des plongées profondes. L'équipe de Roberto Rinaldi va devoir s'associer à deux Français, Luc et Marc Braeuer, conservateurs du musée du Grand Blauckhaus de Batz-sur-Mer, spécialistes de l'histoire de la marine de guerre allemande. Pour identifier le navire les plongeurs devront essayer d'obtenir des renseignements directement sur l'épave, mais avec les concrétions marines et les nombreux filets de pêche enchevétrés sur le navire et par la grande profondeur, ne permettent pas aux plongeurs de récolter le moindre indice.

  Les deux frères Braeuer se rendent à Fribourg (en Allemagne) pour consulter les archives militaires allemandes, où ils découvrent une carte qui recence les naufrages des U-Boot. Ils apprenent également une information capitale, sur les 62 sous marins ayant navigués en Méditerranée, trois ont disparu, dont un très près de Gênes, le U-455. Les deux Français vont pousuivre leurs recherches qui vont les conduire en Basse-Saxe à Cuxhaven où sont conservés la totalité des journeaux de bords des navires allemands, répertoriés au centre d'archives. Ils vont y découvrir un classeur contenant de nombreuses photos du submersible et recevoir le soutien d'un historien allemand renommé, qui à put déjà élucidé plusieurs naufrages de U-Boot. A partir de photos d'époque et celles prisent par Roberto Rinaldi, notamment par la forme du kiosque, il peut affirmer que l'épave retrouvée et bien le U-455.

  Sous marin de type XVII-C, le U-455 provient des chantiers navals de Kiel. Il part pour sa première mission le 15 janvier 1942, mise à par le capitaine du batiment, le lieutenant Hans-Heinrich Giessler, l'équipage ne connait pas leur destination. Il doit fairer route en direction des côtes norvégiennes, le haut-commandement est persuadé d'un débarquement allié dans ce secteur qui entrainerait la coupure des approvisionnements en minerais de fer, vitaux pour l'industrie de guerre allemande. Fin février 1942, après plusieurs patrouilles entre l'Islande et la Norvège, le U-455 n'a encore rien coulé. Le sous-marin est rappelé par l'amiral Karl Dönitz et le 21 mars , Hans-Heinrich Giessler met le cap sur le port breton de Saint-Nazaire, une des plus importantes bases Atlantique des U-Boot allemands. Le submersible arrive à Saint-Nazaire le 30 mars. et va participer aux attaques des navires alliés naviguant dans l'Atlantique entre les Etats-Unis et l'Angleterre, en chassant en meute. La première victime du U-455 est le British Workman, tanker qu'il coule le 3 mai 1942 au large de Terre-Neuve.

  Une semaine plus tard, le sous-marin qui navigue en surface  est repéré par un croiseur allié. Le commandant ordonne une plongée rapide, à bord les hommes font le silence le plus complet pour éviter de créer des échos sonar. Le croiseur le traque en larguant des grenades sous-marines, mais le submersible échappe miraculeusement à 39 charges esplosives et parvient faire route sur sa base de Saint-Nazaire, coulant un second navire en chemin. Arrivé à la base, l'équipage est mis au repos pendant deux mois, après plus de 60 jours passés en mer. Pendant ce temps le sous-marin est vérifié, réparé et repeint. Le 22 août il repart en mission en Atlantique, cependant les conditions de naviguation des navires alliés ont évoluées, désormais les bateaux font route en convois pour se protéger et escortés par des batiments de guerre. Les U-Boot ne peuvent pas approcher suffisamment pour lancer leurs torpilles. Le U-455 reste à distance et l'équipage ne peut que observer. Cinquante jours après son départ aucune cible n'est attaquée, pendant cette période, le capitaine apprend par télégramme qu'il vient d'avoir un fils. De retour à Saint-Nazaire l'amiral Donitz nomme en novembre un nouveau capitaine plus combattif Hans-Martin Scheibe. Les missions en Atlantique continuent pendant toute l'année 1943, amenant même le submersible  vers les côtes américaines. De nuit il fait surface et l'équipage peut apercevoir les lumières des villes, notamment celles de New-York.

  Après un passage obligé à Lorient pour réparer le kiosque endommagé par une attaque aérienne, le sous marin U-455 repart le 6 janvier 1944 en direction de Gibraltar pour rallier Toulon. Mais le rocher et le passage sont bien gardés par les Anglais, neuf U-Boot ont été coulés en tentant de passer, tandis que dix autres doivent y renoncer. L'idée du commandant Scheibe est de passer en immersion profitant du courant qui entre en Méditerrannée. Naviguant dans le silence le plus total, les moteurs diesels sont arrêtés et le U-Boot progresse grâce à une légère propulsion électrique. Au bout de 40 heures d'immersion et les réserves d'oxygène vides, les hommes sont au bord de l'asphyxie, le submersible réussi à passer et remonte à la surface. Il arrive à Toulon le 3 février achevant ainsi sa neuviemme mission. Le U-Boot repart le 22 février le conduisant au large des côtes italiennes. En avril il se trouve en patrouille au large d'Alger où il demande de changer de position d'opération se sentant en danger dans ce secteur. Le U-455 disparait le 6 avril 1944 pendant qu'il naviguait vers une autre position. Son commandant n'avait pas reçu les mises à jour des cartes des champs de mines immergées allemands et progressant près de la surface s'était engagé sans s'en rendre compte dans un de leur propre champs de mines. Probablement lors d'un virage, la coque arrière à heurté une mine l'explosion à pulvérisée entierement la poupe, causant une voie d'eau qui provoqua son naufrage et la mort de tout l'équipage.

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Croquis représentant le U-455. (atelier-tisseron.com)

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Le U-455 au port de Saint-Nazaire en juin 1942. (Bundesarchiv)

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L'équipage passé en revue au retour de mission. (Bundesarchiv)

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Le Kapitänleutnant Hans-Heinrich Giessler premier commandant du U-455. (Bundesarchiv)

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Hans-Martin Schiebe dernier commandant, mort avec son équipage lors du naufrage. (Bundesarchiv)

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L'épave. (portofinodrivers.com)

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L'épave vue par dessous, en haut à gauche on aperçoit le mini sous marin de la Comex qui à également participé à l'exploration. (arte.tv)

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Roberto Rinaldi. (arte.tv)

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Gerhard Schwartz sur le U-455 travaillait dans le compartiment des moteurs diesels. Il échappa de peu au naufrage, débarqué à Toulon avant la dernière mission du submersible. Il devait rejoindre l'Allemagne pour devenir sous-officier. il a pu participer à une plongée sur l'épave avec le mini sous marin de la Comex. (arte.tv)

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Helmuth Spitzer, affecté sur le U-455 au compartiment des machines électriques. Tout comme son camarade Schwartz il fut renvoyé en Allemagne pour suivre une formation de sous-officier. Ce sont les seuls à échapper au naufrage. (arte.tv)

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Commentaires
R
Article intéressant mais signalons tout de même que les bruits que peut émettre<br /> <br /> un sous-marin sont détectables au SONAR, pas au Radar!
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E
... merci pour l'historique de ce sous marin... et le destin est toujours étrange, pour les survivants...!
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S
Voilà qui nous donne une bonne idée de ce que pouvait être l'activité d'un sous-marin! Je n'ai jamais visité ce genre de navire, mais suis certain d'une chose: jamais je n'aurais été "sous-marinier"! Vivre plié en deux, sans femmes ni aliments frais, le tout dans la pénombre; quelle horreur!
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