Joseph Beyrle alias "Joe" est né le 25 août 1923 à Muskegon dans le Michigan. Il est le troisième des sept enfants de William et Elizabeth Beyrle dont les parents avaient quitté l'Allemagne pour immigrer aux Etats-Unis vers 1800. Malgré des conditions de vie précaire, notamment après la grande dépression, Joe réussit l'obtention de son diplôme d'études secondaires en 1942, ce qui lui donne droit à une bourse d'études, mais le jeune homme préfère s'engager dans l'armée. Peu après son enrôlement il se porte volontaire pour les troupes aéroportées et intègre le 3e bataillon du 506e régiment d'infanterie parachutiste de la 101e division aéroportée. Il suit son instruction au camp Toccoa en Géorgie où sa section apprend les rudiments des communications radios et le maniement des explosifs. Bientôt la 101e division est envoyée en Angleterre en prévision du Jour J, Joe est tout d'abord cantonné à Ramsbury, dans le Wiltshire, peu avant le débarquement Joe Beyrle effectue deux missions en France occupée en avril et mai 1944 pour livrer de l'or à la Résistance bretonne.

  Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, le bataillon de Joe Beyrle est parachuté aux environs de Saint-Côme-du-Mont en Normandie, mais lorsqu'il se pose près de l'église de la localité, le sergent Beyrle perd le contact avec ses collègues. Pendant quelques jours, le parachutiste cherche à rejoindre son unité, mais ne la trouve pas, en chemin il se sert des ses pains de TNT pour saboter une centrale éléctrique, il est capturé peu après, surpris par une patrouille allemande, alors qu'il dormait dans un fossé. Le jeune Américain est détenu durant sept mois dans plusieurs prisons allemandes, mais parvient néanmoins à s'échapper à deux reprises, pour être repris à chaque fois. L'occasion se représente au cours d'un transfert, Joe fausse compagnie à ses gardes et monte dans un train, mais ce dernier part pour Berlin. Dénoncé par un civil allemand, le sergent Beyrle et arrété par la Gestapo, qui le torture et le bat mais sera remis plus tard à l'armée allemande, après confirmation par les autorités que la Gestapo n'avait pas les compétences sur les prisonniers de guerre.

  Joe fini par être interné au Stalag III-C à Alt-Drewitz en Pologne, il s'échappe encore une fois en janvier 1945, et part vers l'Est espérant trouver les troupes soviétiques. Quelques jours plus tard son voeu se réalise il rencontre une brigade de chars russes, il lève les bras en tenant bien en évidence un paquet de cigarettes de marque Lucky Strike et crie en russe: << Amerikansky tovarishch ! >> (Américain camarade ! ). Tout d'abord méfiante Aleksandra Samusenko (la seule femme officier de ce grade de la guerre) commandant de l'unité blindée fini par accepter que Joe reste avec eux, et ses connaissances des explosifs seront très appréciées. Avec sa nouvelle unité le sergent Beyrle libère en cours de route son ancien Stalag, mais au début février il est bléssé dans un bombardement allemand, Joe se retrouve à l'hôpital soviétique de Landsberg an der Warthe (en Pologne). Il recevra la visite du maréchal russe Georgy Zhukov, qui au cours d'une tournée d'inspection fut intrigué par le seul non-soviétique de l'hôpital et décida de le rencontrer. Avec l'aide d'un interprète Joe raconta son histoire au maréchal.  Touché Georgy Zuhkov, lui fit parvenir tous les papiers nécessaires pour retourner dans l'armée américaine.

  Le sergent Joseph Beyrle retourne dans le Michigan le 21 avril 1945, l'année suivante il se marie avec JoAnne Hallowell puis travaillera pendant 28 ans pour l'entreprise Brunswick Corporation jusqu'à sa retraite en tant que superviseur d'expédition. En 1994, à l'occasion du cinquantième anniversaire du débarquement de Normandie, l'ancien parachutiste fut convié à une cérémonie à la Maison Blanche où il reçut des décorations des mains du président américain Bill Clinton et de Boris Eltsine, premier président de la Fédération de Russie. Joseph Beyrle est mort le 12 décembre 2004 d'une crise cardiaque dans son sommeil, à l'âge de 81 ans, alors qu'il était venu en pélerinage au camp Toccoa, là même où il avait été formé aux techniques aéroportées en 1942. En avril 2005 sa dépouille fut transférée au cimetière national d'Arlington où elle fut enterrée avec les honneurs militaires.

  L'histoire du sergent comporte une petite anecdote. Peu après le débarquement de Normandie un télégramme de l'armée arrive chez les Beyrle, signalant que leur fils à été tué au combat, En effet le 10 juin 1944 quelque part en Normandie un cadavre en uniforme de parachutiste américain est retrouvé, ses plaques d'identités comportent un nom : Joseph R. Beyrle du 506e régiment d'infanterie parachutiste. l'homme est donc enterré sous ce nom. Cependant peu après avoir été signalé comme KIA en Normandie, les parents de Joe reçoivent une lettre de lui dans laquelle il dit qu'il est prisonnier de guerre. Une question se pose alors : Qui est enterré à sa place ? Il faudra attendre son retour pour avoir enfin la réponse. Après sa première capture, un soldat allemand dépouille le para de son uniforme et ses plaques puis s'en va probablement dans le but d'espionner les lignes américaines, mais ce dernier s'est probablement fait tué par ses propres compatriotes, l'ayant pris pour un américain.

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Staff-Sergeant Joseph Robert Beyrle (1923 - 2004), 506th Parachute Infantry Regiment : 101st Airborne Division. (alchetron.com)

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Sa photo d'identité de prisonnier de guerre.

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Commandant Aleksandra Samusenko (1922 -1945). c'est elle qui commandait l'unité blindée où Joe Beyrle passa quelques semaines après son évasion. (forums.acgmag.com)

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Le tableau de service de Joe Beyrle comportant des médailles russes, françaises et américaines.

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Le retour chez ses parents en 1945.

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L'ancien parachutiste quelques mois avant sa mort.

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La tombe de Joseph Beyrle au cimetière national d'Arlington. (Public Domain)