En février 1918, le navire se trouve en escale à Rio de Janeiro pour charger du manganèse, le 16  il lève l'ancre et entre au Salvador quatre jours plus tard. Le 22 février il part pour Baltimore. Juste avant son départ du Bresil, le commandant Worley signale dans un rapport que un cylindre du moteur droit est fissuré, un conseil d'enquête confirme la panne, la réparation est prévue dès son retour aux Etats-Unis. Après un arrêt imprévu à la Barbade, le 4 mars l'USS Cyclops met le cap sur Baltimore.

  Le dernier à l'avoir aperçu est le pétrolier américain "Amolco", il signala que le Cyclops faisait route en direction du Triangle des Bermudes. Depuis le navire ne sera revu nulle part. Les recherches pour le retrouver débutent le 13 mars, sans aucun résultat. Un mois plus tard un télégramme pour le moins curieux, arrive au département d'état Levingston. Adressé par l'ambassadeur américain de la Barbade, celui-ci mentionne que lors de son escale, le capitaine Worley, à fait rentré du carburant supplémentaire, alors que son navire avait une réserve de charbon suffisante pour rallier Baltimore. L'ambassadeur poursuit en disant que l'officier à acheté pour 775 dollars de nourriture diverse. Aucune explication ne pourra apporter une réponse à ce comportement. Le 1er juin 1918, Franklin D. Roosevelt, alors secrétaire adjoint de la Marine, déclare officiellement la perte de l'USS Cyclops, avec ses 306 membres d'équipage.

  Comme à chaque fois dans un pareil cas, une foule d'hypothèses seront avancées pour expliquer le naufrage du navire, certaines fondées, d'autres plus discutables. Cette disparition alimente les légendes sur le fameux Triangle  des Bermudes, où beaucoup ont sombrés sans laisser de traces, mais il semblerait que le Cyclops était en situation de surcharge et pris dans une violente tempête (avérée par des bulletins météo du 10 mars), combinée à la panne du moteur droit à coulé. Parmi les hypothèses fiables, certaines vont mettre en lumière, que le chargement à peut-être contribué au naufrage, en affaiblissant la structure même du bateau, d'autres navires de la même classe connaitrons le même sort. Une enquête conduite après la catastrophe, va s'attarder sur la personalité du capitaine George Worley.

  Né à Hanovre en Allemagne le 11 novembre 1862, bien que le registre de la Marine signale 1865, Johan  Frederick Wichmann de son vrai nom est arrivé aux Etats-Unis en 1878. En 1898 il change son nom en Worley, puis tient un saloon à San Francisco, avant d'être admis dans la marine. Beaucoup de marins vont se plaindre de l'attitude autoritaire de Worley, qui est un officier stricte et sadique qui infligeait parfois des sanctions sévères pour des infractions souvent mineures. L'accusation la plus grave portée contre lui était son comportement pro-allemand, et qui en temps de guerre était peut-être de conivence avec l'ennemi, ses amis les plus proches étaient tous Allemands ou Américains d'origine germanique. Par ailleurs une cause souvent avancée que le capitaine Worley aurait livré son batiment à l'ennemi, pour faire main basse sur le minerai de manganèse servant pour la fabrication des munitions. Après la Première Guerre des enquêtes seront faites dans les archives de la marine allemande, mais aucune trace du Cyclops ne sera retrouvée.

  En 1968, soit 50 ans après sa disparition, un plongeur américain, Dean Hawes faisant une plongée à 70 kilomètres des côtes virginiennes aux alentours de Cape Charle, découvre une épave d'un navire alors qu'il se rapproche du fond. Ce qui fait la particularité de ce navire est son pont supérieur surélevé reposant sur de grandes échasses, et des appareils de levages positionnés plus bas sur le pont principal. Mais les conditions météorologiques devenant moins bonnes le plongeur doit interrompre ses recherches sur ce navire dont il ignore le nom. Quelques années plus tard il découvre par hasard des photos de l'USS Cyclops, il ressemble étrangement à celui qu'il avait vu, lors de sa plongée de 1968. Avec le concours de la Marine, des recherches sont lancées, mais malgrè les épaves retrouvées aucune ne concordaient avec le charbonnier disparu. Encore aujourd'hui on ignore toujours où se trouve l'épave du Cyclops, et les réelles conditions de son naufrage.

19-N-13451

L'USS Cyclops. (navyhistory.org)

George_W_Worley

Capitaine George Worley. (Source: United States Naval Historical Center image)