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Le blog du lignard
2 juin 2013

11 juin 1955. La tragédie du Mans.

Ce samedi 11 juin 1955, la journée s'annonçait plutôt bien, des milliers de spectateurs avaient afflués vers le circuit du Mans, pour assister à la grand-messe des courses automobiles, les mythiques 24 heures du Mans. La course prométait d'être palpitante, les fans attendaient impatiament le duel entre les Jaguar et les Mercedes, avec l'Argentin Juan Manuel Fangio. Pour l'épreuve, l'équipe allemande aligne 3 voitures, les redoutables 300 SLR .Dès le début de 1955, Alfred Neubauer alors patron de l'écurie Mercedes forme son équipe pour la participation des 24 heures. Fangio, Stirling Moss, Simon, Kling et Fitch sont engagés, mais il manque un pilote pour pouvoir engager les 3 SLR. Neubauer propose le volant de la n°20 à Pierre Levegh ( Pierre Bouillin de son vrai nom). Neubauer l'avait remarqué en 1953, quand le français avait piloté une Talbot, sans coéquipier pour le relayer, il avait conduit pendant 23h, en ne s'arrêtant que pour le ravitaillement trois à quatre minutes maximum, mais trahit par sa mécanique avait dût abandonner et laisser la victoire aux Flèches Argentées. Levegh, accepte la proposition et signe aussitôt le contrat, sans se douter un seul instant qu'il serait l'une des victimes des plus grandes catastrophes du Mans.

    Le 11 juin, 60 voitures démarrent en trombe. Dès les premiers kilomètres la SLR de Fangio est bien placée, il talonne la Jaguar du britannique Mike Hawthorn, un pilote qui est connu pour son tempérament impulsif et "casseur", tout le contraire de Fangio qui pilote en souplesse et avec adresse. Si la Mercedes parvient à prendre l'avantage dans les parties sinueuses, la Jaguar le reprend dans les lignes droites, notamment sur la fameuse ligne droite des Hunaudières, où c'est la puissance de la mécanique qui parle. Après deux heures de course, le moment du  ravitaillement était arrivé, et le directeur de l'équipe Jaguar avait par trois fois demandé à Hawthorn de s'arrêter. A 18h20 cinq voitures sortirent presque simultanément de la courbe pour aborder la ligne droite des tribunes, trois d'entre elles avaient un tour de retard. Immédiatement après avoir doublé l'Austin-Healey 100S du britannique Lance Macklin qui venait de sortir  du ravitaillement, Hawthorn effectue sa manoeuvre de ralentissement pour rentrer dans ses stands. Surpris par cette brusque manoeuvre, Macklin se déporte à gauche et sur sa lancée il infléchit sa trajectoire pour revenir dans l'axe de la piste. A cet instant l'Austin-Healey, roule à une vitesse de 100 à 120 kilomètres. Pierre Levegh arrive derrière  à près de 250 km/h, il a juste le temps lever le bras pour prévenir Fangio qui le suit qu'un danger est devant avant de percuter violament l'arrière gauche de la voiture de Macklin. La forme inclinée de l'arrière de l'Austin-Healey est un  tremplin qui fait décoller la Mercedes. La voiture du britannique est projetée sur le côté droit de la piste et fauche un gendarme. Après le choc la SLR de Levegh rebondit à trois reprises sur le talus séparant la piste des tribunes, elle se disloque et projetant le capot, le train avant et le moteur dans la foule. Le reste de la carcasse s'embrase et une grosse colonne de fumée noire se répand, à 250 km/h Fangio, la  traverse sans avoir encore conscience de la gravitée de la situation.
   
Environ 200 mètres plus loin la voiture de Macklin, après avoir percuter le muret de droite rebondit et traverse la piste avant de s'arrêter sur le côté gauche et en travers. Fangio l'évite mais l'éraffle au passage perdant un phare. Macklin à été éjecté lorsque sa voiture à tapé le côté droit, mais s'en sort miraculeusement bien. Pendant ce moment Mike Hawthorn est rentré dans ses stands, mais il manque son arrêt et repart pour un nouveau tour.
 
   Pour Pierre Levegh en revanche, c'est trop tard, il est tué sur le coup et son corps désarticulé à été éjecté à plusieurs mètres de l'impact, gisant sur le bord du talus le crâne fracassé et sa combinaison entièrement carbonisée.Dans les premier rangs des tribunes, les éléments mécaniques de la Merceds ont fait de nombreuses victimes, certains qui se trouvaient sur des escabeaux de fortunes à plus de de deux mètres du sol, ont été décapités par le capot. Le bloc moteur creuse un sillon d'une douzaine de mètres de long au sol en fauchant des spectateurs. Le bilan est lourd 83 personnes sont mortes sur le site et 9 autres vont décéder dans les jours suivants, ont compte près de 140 blessés. Les moyens de secours prévus par les    organisateurs sont dérisoires et ne peuvent faire face à l'ampleur d'un tel drame et beaucoup de bénévoles vont aider les pompiers à secourir les victimes. Le directeur de la course ne veut pourtant pas arrêter la compétition, de peur de voir les gens quitter le circuit en créant des embouteillages sur les routes necessaires pour l'arrivée des ambulances. La course continue.
    Lorsque Fangio s'arrêta pour se ravitailler, Alfred Neubauer lui demanda comment il avait pu passer le pilote déclara;
    <<
Je suivait Levegh... Je l'ai vu lever la main. C'est son geste qui m'a sauvé la vie >>.
    Alors que Levegh savait l'accident inévitable pour lui voyant la mort de face, il avait pensé à ceux qui le suivaient. Ce simple petit geste avait sauvé la vie de l'Argentin. Malgrè la perte de la voiture, l'écurie à l'étoile était en tête, mais son directeur prit la décision de quitter la course à 2h du matin avec l'accord de Stuttgart. L'équipe Jaguar gagne l'épreuve le lendemain.
    Dans les semaines suivantes une enquête fut conduite pour éclaicir les causes du drame. Tout les protagonistes furent interrogés seul Hawthorn refusa de répondre aux enquèteurs ne pouvant expliquer la cause de sa manoeuvre dangeureuse. Il fut mis hors de cause, le pilote britannique trouve la mort le 22 septembre 1959 dans un accident de la route. La piste face aux tribunes ne mesurait guère plus de 13 mètres de large, elle avait été conçue dans les années 20, à l'époque ou les voitures roulaient moins vite. Des travaux d'élargissement furent entrepris ainsi que la construction d'un mur en béton en remplassement du talus et de la barrière en bois. Cet accident reste un des plus meurtier de l'histoire du sport automobile.

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                                                            Affiche officielle de l'épreuve.

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                                         Les différents protagonistes de l'accident.

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Alfred Neubauer (1891-1980) directeur de l'écurie Mercedes au centre, entouré de deux de ses pilotes les plus talentueux, Juan Manuel Fangio et Stirling Moss. Après l'accident du Mans, Mercedes décide de mettre un terme aux courses à la fin de l'année 1955, c'est le moment que choisi Neubauer pour prendre sa retraite.

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Pierre Levegh (1905 -1955), mort en course le 11 juin. Juste avant le début de l'épreuve il avait confié son appréhension à son pilote relayeur l'Américain John Fitch: << La piste est trop étroite pour nos voitures très rapides. A chaque fois que je passe devant les stands je frissonne. De plus je n'aime pas être assis à gauche dans une voiture, cela rend plus difficile la vision des panneaux dans les stands. Un pilote doit se sentir en confiance pour bien conduire et je ne le suis pas >>.

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                           La Mercedes de Pierre Levegh quelques tours avant son accident.

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Le pilote britannique Mike Hawthorn à l'origine de la catastrophe. Au cous de l'enquête conduite après l'accident, il a toujours refusé de s'expliquer sur sa dangeureuse manoeuvre pour rentrer aux stands après avoir dépassé l'Austin-Healey plus lente de Macklin. Après un troisième passage dans la Scudéria Ferrari, il prend sa retraite pour des problème de santé. Le 22 janvier 1959 à 29 ans il trouve la mort dans un accident de voiture sur une route humide de campagne. Il perd le contrôle de sa Jaguar percute une camionnette venant en sens inverse et s'encastre dans un arbre. Grièvement blessé à la tête il décéde avant l'arrivée des secours.

 

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18h20, après avoir percuté l'arrière de l'Austin-Healey de Macklin, la Mercedes de Levegh décolle, le pilote britannique perd alors le contrôle de sa voiture qui va taper les deux côté de la piste, fauchant deux mécaniciens et un gendarme.

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La voiture de Levegh commence à rebondir sur le talus, Juste devant l'accident l'Austin-Healey capot relevé va tournoyer sur la piste.

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Tandis que le moteur retombe se dirigeant sur la foule, la Mercedes de Levegh continue de rebondir, celle de Fangio est sur le point de dépasser l'Austin-Healey devenue incontrôlable. 

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                              La carcasse de la SLR en flammes sur le rebord du talus.

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Immédiatement après l'accident la Mercedes de l'équipage Simon-Kling entre aux stands, le pilote se retourne pour voir ce qu'il s'est passé. Personne encore n'a une idée de l'ampleur du drame.

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Immobilisée sur le talus, la Mercedes de Levegh est la proie des flammes. Le corps étendu sous le brasier et celui d'une femme. On ignore comment elle s'est retrouvé là.

 

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       Des bénévoles armés d'extincteurs vont aider les pompiers pour éteindre l'incendie de la voiture.

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Dans la foule de nombreux spectateurs ont été fauchés par les éléments mécaniques de la Mercedes.

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Le train avant de la 300 SLR de Levegh à terminé sa course dans la foule tuant ou blessant de nombreux spectateurs.

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                             La carcasse de la Mercedes après l'extinction du brasier

 

 

                                                 

 

 

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Commentaires
F
Mon épouse est la seule petite fille de M. Henri Tual, originaire du Bourgneuf la Forêt (53), victime de cette tragédie. Nous possédons encore tout les journaux Ouest-France de l'époque relatant cet accident. Cet événement a définitivement marqué et conditionné l'avenir de cette famille.
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D
bonjour pascal! je me souviens bien... je n'avais que dix ans, mais c'est resté dans ma mémoire, les images dans les journaux, et la photo, surtout de ce gendarme...! hawthorn aurait dû être interdit de course, il était irrespectueux des autres concurrents, mais là, il y a eu un drame...! et aussi, les mercédes avaient des éléments en magnésium... qui est très inflammable...! la sécurité, sur les circuits, a fait d'énormes progrès, mais c'est après des accidents mortels que ça bouge...! bon mardi, profite bien de ton repos, amicalement, daniel!
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S
Je ne savais pas que Fangio et Moss avaient participé à cette course maudite, qui s'est déroulée deux semaines avant ma naissance... je me souviens que, à l'école primaire, nous avions des cahiers de brouillon (marque "Stupap") qui racontaient la vie de héros tels que Fangio sur la couverture...
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